Pédagogie homœopathique.

Par Dr Ralph Bruinaars, le 07 Février 2008.

Le Dr Ralph Bruinaars, vétérinaire homœopathe de Bredene (Belgique) nous livre un essai de philosophie sur l’homme et sa relation avec la nature.

Cet article est une suite d’idées, de pensées sur la nature, sur la médecine vétérinaire, sur le bien et la raison…Sans avoir l’intention de dire toute la vérité ni de dicter la façon de travailler de tout un chacun, mais surtout pour réfléchir ensemble à notre comportement et l’étudier, le mettre sous la loupe ; que sommes¬nous en train de faire comme vétérinaires dans notre pratique quotidienne lorsque nous sommes devant un choix, vendre de l’eukanuba ou du proplan, vacciner ou pas…..Comment dois-je me conduire comme vétérinaire ou médecin (ou mieux encore, comme humain ), quelle sont les bonnes décisions ?

Le grand critère actuel de réussite est le succès que l’on peut avoir. Mais ce succès est-il un bon critère de bonne pratique?
Socrate, en grand philosophe et grand connaisseur en éthique, maître de Platon et Aristote, fut condamné à mort. Il n’avait pas de succès à son époque.

Plus de succès, plus d’argent, plus de renommée sont de faux critères de rigueur scientifique : nous verrons plus loin qu’il n’y qu’un seul vrai critère : la raison. Beaucoup d’idées de ce témoignage ont comme source de grands maîtres comme Socrate, Steiner, Hahnemann….. mais elles vont toutes dans le même sens : L’ Ethique : le comportement humain : le bien ou le mal ?

Introduction
1. La nature
Un documentaire sur la nature étudie une île vierge de la côte de la méditerranée, au large de la France: la nature y est encore pure et protégée de la pollution touristique. L’examen prolongé de l’herbe des fonds marins, poumon et donc indispensable à la flore et à la faune des profondeurs, a démontré que si une partie de nature est déséquilibrée par l’intervention humaine, cette partie ne nécessite pas de traitement ou d’autre intervention humaine : l’homme ne doit que la laisser tranquille, la nature se restaure spontanément seule sans aucune intervention humaine !! L’herbe des fonds marins retrouve sa structure saine en quelques mois, et cela en limitant seulement le développement du tourisme du littoral. Et ce tant qu’elle est laissée tranquille et seulement observée. Aider n’est alors que prendre un peu de distance et faire confiance au déroulement naturel des choses. Voilà qui est remarquable, non ? Mais n’est ce pas ce que nous devons faire en pratique vétérinaire si souvent pour reconnaître une tendance à la guérison ? Sortez un chien de son environnement, éloignez-le d’une famille qui le confine toujours à l’intérieur, placez le dans une niche propre, emmenez-le en promenade dès le lever du jour, donnez-lui de l’eau mais pas encore de nourriture, montrez-lui non pas de l’amour mais une autorité bienveillante avec une activité appropriée, ne lui accordez pas une attention excessive empreinte d’émotions humaines. Prenez de la distance et laissez la nature faire son œuvre : cela marche ! Un fait donné par la nature et connu dans la nature, et de plus démontré par l’homme, et reconnu. Etudions la nature afin de savoir ce que nous avons à changer et comment nous comporter vis à vis de la nature. Voilà ce qui fait un vétérinaire homéopathe ; traitez un fait par son semblable. Traitez une vache comme une vache et une poule comme une poule. Respectez la nature profonde de chaque animal ou de chaque plante et pratiquez alors honnêtement l’homéopathie. Les remèdes viendront plus tard, pour rendre l’homme conscient de ses errements.

2. Retour au passé?

Si l’on ose dire aujourd’hui au fermier que ses vaches doivent aller dehors en pâture et que la monoculture est une situation intenable, il fronce les sourcils ; que vient-on donc me raconter là comme demi¬vérité, ou comme complète vérité ? Lorsque l’on raconte alors que, dans le passé, les fermiers et tout ceux qui s’occupaient de fourniture alimentaire n’élevaient jamais uniquement rien que des porcs ou rien que des poules, on vous rétorque aussitôt ; « oui mais ce n’était pas mieux avant vous savez, devons-nous retourner à des méthodes ancestrales, est-ce que c’est cela que vous voulez ? » Retourner en arrière est évidemment idiot, se référer au passé et tirer les leçons de nos erreurs et de nos errements est intelligent. Tout ce qui concerne l’existence humaine, et non animale, réside dans la conscience et surtout dans le perfectionnement de cetteconscience. Nous parlons ici aussi bien de la conscience individuelle que de la conscience collective.
La compréhension de notre comportement vis à vis de notre milieu doit croître et le retour vers le passé n’est pas une option. La différence positive avec le passé est précisément que notre prise de conscience individuelle et collective a grandi. On faisait auparavant des chosesjuste parce qu’elles devaient être faites ainsi ; c’était comme ça car la nature l’avait toujours prévu comme cela, et si l’on faisait des erreurs, on était irrémédiablement sanctionné ; il n’était pas possible de déroger aux lois de la nature. A côté du tas de fumier, il y avait un noyer, sinon les gens se faisaient dévorer par les abeilles. Ce tas de fumier devait être là pour recycler les déchets produits par l’exploitation d’une exploitation saine. Les poules participaient au recyclage et produisaient en retour des œufs. Le coq se tient sur son tas de fumier tout comme le coq trône sur la tour de l’église. Le recyclage des déchets, le traitement des déchets intéresse aussi les déchets spirituels. Dans l’église, l’on devait s’occuper du renouvellement spirituel après une semaine de dur labeur. Toutes choses qui existaient dans le passé, car c’était nécessaire et utile. Les gens n’avaient pas à y réfléchir, l’on ne se demandait pas pourquoi, c’était ainsi. Plus nous avançons dans le temps, plus nous éprouvons le désir de comprendre et de connaître (plus notre conscience est nécessaire) pour encore pouvoir agir de façon adéquate. Nous sommes parvenus, par le haut développement technologique, à nous placer en dehors de la nature et en considérer ainsi l’ensemble. C’est le seul moyen, d’accroître la prise de conscience, de saisir pourquoi certaines choses doivent se dérouler comme dans le passé et pas autrement. Ce n’est que comme cela que l’on peut agir en pleine conscience et compréhension, l’évolution ne servant qu’à nous indiquer pourquoi cela doit se passer autrement. Là réside la différence avec le passé ; ce n’est pas le passé. L’exercice principal de l’homme ( exercice que seul l’homme peut faire comme seul animal doué de raison) est la création d’une conscience croissante.
Après avoir détourné le trajet des antibiotiques de Pasteur, de remplacer la culture multiple par la monoculture, la vaccination par des règles de vie adéquates………
Ces développements sont nécessaires pour arriver à une plus grande prise de conscience, pour percevoir qu’il faudra changer, non pas par un retour en arrière parce que « c’était bien comme cela », mais comme par le passé car nous comprenons maintenant dans certains domaines pourquoi c’était bien comme cela. Retour en arrière, mais uniquement justifié par la compréhension. On pourrait se demander : comment savoir si un comportement est adéquat ? Tout d’abord, seul un homme peut poser et répondre à cette question : dans la nature, il n’y a pas de bien ou de mal, il n‘y a pas de choix , il n’y a qu’un comportement qui réponde de façon adéquate à une situation donnée, ni plus, ni moins. Quelqu’un ne peut décider si une attitude est bonne ou mauvaise si on a le choix de se comporter bien ou mal. Une chose ne peut être bonne que si elle peut être mauvaise aussi. Les deux comportements doivent exister pour pouvoir les distinguer. Tant que l’homme ne faisait qu’un avec la nature, il agissait par nécessité, sans trop se poser la question si c’était bon et bien. Il n’y avait pas de bien et donc pas de mal, et le comportement n’était qu’une donnée neutre. A partir du moment où l’on possède assez de données pour pouvoir agir autrement, si on a la technique pour contourner la nature ( vaccination, aluminium, moteur, pace-maker, etc…), on peut exprimer un jugement sur le bon et le mauvais, le bien et le mal ! Nous devons être aussi loin qu’aujourd’hui pour pouvoir décider si ce que nous faisons est bien ou mal. Pour chaque comportement, , nous pouvons examiner maintenant si c’est bien ainsi et si nous devons poursuivre dans cette voie, ou si l’on fait fausse route et retourner vers le bon ( good sense)ou retourner vers le passé. Ne dites donc pas : « devons¬nous retourner au temps des hommes des cavernes ? ». Mais posons¬nous la question ; « n’agissait-on pas mieux dans les siècles passés dans certains comportements ( nous ne parlons pas ici d’hygiène ou d’habitations etc…) Nos comportements n’étaient-ils pas meilleurs qu’aujourd’hui dans certains domaines ? C’est AUJOUD’HUI que nous devons nous poser cette question ; faisons le donc sans attendre avant de devoir passer le témoin aux générations suivantes !!!

1. La nature
Etudions ce que la nature nous donne afin de vivre d’une façon harmonieuse, non pas parce que nous ne savons faire autrement, mais parce que nous avons le choix, parce que c’est le bon chemin, choisi en toute compréhension. Sans devoir utiliser d’antibiotiques, des stimulants de croissance, des coccidistatiques, des antiparasitaires,…
Si nous voulons donc continuer à vivre avec des animaux, des plantes, et d’autres humains, nous devrons respecter beaucoup de bonnes lois de la nature, en apprenant d’abord à les découvrir avant de commencer à les appliquer. Ce n’est que quand la conscience collective est assez développée que l’on peut atteindre ce point.
En homéopathie, nous étudions le règne minéral, végétal et animal. Des remèdes sont extrait de chacun de ces règnes, qui nous renseignent sur ces petites parcelles de nature. En passant en revue le monde animal, nous faisons un voyage de calc-c, sepia, murex, des serpents, des amphibiens, le porc, la vache, le mouton, la chèvre, le cheval, etc…Chez chaque animal ou son groupe, nous pouvons essayer de comprendre quel message ils veulent nous transmettre à nous, humains. Est¬ce le chat, lac-f, qui nous prédit la grâce, la beauté et le protocole? Ou est-ce la vache, lac-d, qui nous fait ruminer sur notre origine, nos racines, nous oblige à nous arrêter pour passer en revue notre vie ? Ou est-ce la coquille d’huître qui nous donne la sécurité du sein maternel, se laisse porter en rond par la mère? Ou est-ce l’octopus qui nous laisse explorer nos alentours avec ses huit bras et sans jambes, stimule notre curiosité pour l’environnement ? Ou est-ce le naja qui, comme la vipère, surgit dans l’herbe lorsqu’on ne l’attend pas? Par l’homéopathie nous est offerte une possibilité supplémentaire inouïe pour mieux comprendre l’ensemble ; les proovings nous permettent d’encore mieux approcher la nature et la comprendre. L’homéopathie décrit
la nature et nous permet ainsi de guérir les animaux avec une compréhension plus profonde et en respectant les lois.

2. La nature et l’homme

L’homme se pose toujours la question du choix, pour chaque être humain et dans chaque situation. Ce choix peut être déterminé par l’instinct (comportement actif inconscient), l’intuition ( certitude d’une vérité non basée sur le raisonnement ou la compréhension : proposition reçue par une vision immédiate et intime), la tradition, ou par la raison ( se forger une opinion et faire des choix à partir de certaines prémices en en tirant les conclusions, ce qui suppose la possibilité de réflexion et de jugement). Pour l’homme, la manière la plus importante de faire un choix est la RAISON. L’instinct animal impose la loi de la nature et sera idoine pour la nature. Le comportement instinctif est la conduite de base dans la nature et peut parfois sauver la vie. L’intuition suppose déjà une certaine connaissance, ce n’est pas une réaction instinctive mais une proposition adaptée basée sur un vécu intime. Nous pouvons ainsi comme homéopathe penser intuitivement à un remède en voyant un patient, les premières secondes donnant une idée, un « climat ». Lorsque la RAISON est utilisée comme seul moyen de choix se pose la question si celui qui en résulte est juste ou non. Si la connaissance des faits, prémices ou évidences, est conséquent ( par exemple : le chat est un animal solitaire), il reste à l’homme pensant à en tirer les conséquences.

De faits similaires, on peut raisonner. Ce sera surtout la connaissance raisonnable, le raisonnement, qui montreront si un certain comportement est bon et utile ou nuisible et mauvais. La raison est donc le principe et la base d’un bon comportement. Le «bien» est donc un concept qui ne s’applique que dans le comportement humain, comme seul moyen basé sur la raison. Mais ce concept ne s’applique donc pas au comportement animal, où le bien ou le mal n’existent pas. Retenons avant tout l’importance de la raison, seul le raisonnement décide si un comportementest bon ou mauvais. Puis-je ici vous renvoyer à l’article du Dr Vanden Eynde, « les maladies chroniques » :l’abandon d’une faculté innée, le raisonnement pose donc le manque qui empêche d’être plein, entier, complet, c’est à dire heureux. Le deuxième concept dont nous devons tous être conscient est la vertu.
Par les quatre vertus majeures, à savoir :
1. connaissance de la gradation des valeurs de la vie,
2. Contrôle de soi ou mesure,
3. responsabilité,
4. Courage,
l’on obtient la faveur d’accéder à une connaissance responsable. La vertu majeure, souvent proclamée comme “la” vertu, est la connaissance du bien ou, plusrarement aussi appelée, la connaissance du classement desdifférentes valeurs inégales qui nous interpellent.
Je voudrais aussi souligner ici un terme extrait de l’article sus¬mentionné du Dr Vanden Eynde ; « Ce déséquilibre est toujours provoqué par la déviation du bon sens( aberration) de l’ego humain. L’aberration est une erreur de jugement qui ici provoque un dérèglement de l’énergie vitale. » Quand Aristote parle d’une compréhension intellectuelle, il la formule généralement sous le terme « science ». « La vraie compréhension du bien ». Un terme nouveau toujours utilisé de nos jours à bon ou mauvais escient.
Ceci est vrai là où l’on parle de science, et ce n’est pas pour rien que les premiers « scientifiques » étaient tous et surtout des philosophes : seuls de purs philosophes pouvaient s’occuper de science.
N’oublions donc jamais ces bases : la vertu, l’approche avec la raison, et la science orientée uniquement vers le bien. Voilà qui nous mèneà une connaissance abstraite et non universelle, mais à la reconnaissance et l’acceptation existentielle d’une valeur supérieure ; un jugement, soutenu par un choix !!!

3. Que faire de tout ceci en pratique ?
Sommes-nous maintenant devenus philosophes, et non plus médecins ; nous restons des professionnels de la santé animale ou humaine et non des philosophes ; qu’avons-nous donc à faire de cette connaissance ? Les médecins et les vétérinaires ont comme première mission de faire le bon choix, à chaque moment, pour chaque patient ; nous ne faisons rien d’autre que faire des choix, et nous devons toujours mettre en question notre humanité, notre raison pour pouvoir faire les bons choix pour chaque patient. Les bons choix sont ceux qui ont pour but le bonheur du patient et des autres hommes. Voilà l’essentiel de notre mission.
La question n’est pas si nous aurons assez de patients, si nous gagnerons assez d’argent ou si nous pourrons acheter assez d’appareils.

Dr Ralph Bruinaars, 2004
traduction du néerlandais par le dr Gilbert Paul

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