Considérations sur le lait de vache et le lait de soja.

Comparaison lait de vache et lait de soja.

Par Dr Marc Deru, le 09 Février 2008.

Depuis de nombreuses années, nous sommes inondés d’informations négatives sur le lait et ses dérivés.

Et parallèlement la publicité pour les produits à base de soja explose. «supprimez le lait, consommez du soja», ce double message est si bien passé qu’aujourd’hui il est devenu presque « scientifiquement incorrect » de défendre les vertus du lait et d’émettre des doutes sur celles du soja. Ce nouveau dogme diététique se répand à grande vitesse dans le public, et pour cause : les allergologues, les homoeopathes et les médecins en général, les spécialistes en nutrition, les commerces diététiques, les rubriques santé dans les journaux et publications périodiques, etc… tous unissent leurs voix pour propager le nouvel article de foi.
Il n’y aurait bien sûr rien à redire à cela s’il s’agissait d’informations objectives et scientifiques fondées. L’examen rigoureux des faits montre cependant qu’il n’en est rien.

Le lait seulement pour les veaux.

L’idée de plus en plus généralement admise que « le lait c’est pour les veaux » et qu’il est impropre à la consommation humaine est en contradiction flagrante avec l’expérience millénaire de peuples entiers qui ont vécu et vivent parfois encore en excellente santé avec un régime abondamment lacté. Pensons, par exemple, aux Masaï d’Afrique orientale. C’était aussi, plus près de chez nous le cas des populations montagnardes des Alpes, avant que la civilisation du supermarché ne les atteigne aussi. En contradiction avec le bon sens également. Si quelqu’un est allergique au pollen d’arbres et de graminées, personne, aucun médecin, ne dira que le bouleau, le noisetier et l’herbe sont mauvais, rendent l’air irrespirable et qu’il faut en débarrasser le paysage ! C’est le terrain du patient qui est en cause et que l’on va traiter.
Il est vrai que dans nos pays, les enfants et les adultes intolérants ou allergiques au lait de vache sont de plus en plus nombreux. Le lait pose donc un problème particulier de santé. Il y a trois raisons principales à cela.

La dénaturation du lait.

Cela tient d’abord et avant tout à la qualité du lait qui s’est détériorée de façon catastrophique. La plupart des occidentaux ne savent plus ce qu’est le vrai lait cru tiré de vaches nourries d’herbe et de foin, ce lait consommé par les centaines de générations qui nous ont précédés.
Ils ne connaissent que le lait venant de vaches sélectionnées et suralimentées en protéines pour doubler ou tripler la production laitière normale, du lait qui est devenu indigeste et cause des diarrhées pour les veaux eux-mêmes! Ce lait contient des traces résiduelles d’antibiotiques et de pesticides, puis subit diverses manipulations industrielles en laiterie, entre autres une stérilisation à ultra haute température (UHT) qui dégrade la structure des protéines et fait apparaître des molécules inassimilables par l’organisme. On sait, par exemple, que lysine et lactose se combinent pour former la lactulolysine, composé inassimilable. Ce lait complètement dénaturé devient véritablement impropre à la consommation humaine et il n’est pas étonnant qu’il suscite intolérances et allergies. Il vaut mieux s’en passer si on tient à sa santé ! Mais faut-il encore appeler « lait » cet aliment artificiel qui n’a plus du vrai lait que l’apparence.

Le rôle premier du terrain.

Une autre raison, liée aussi à notre mode de vie actuel, explique pourquoi certaines personnes peuvent être allergiques même à du vrai lait tout à fait naturel. C’est la dégradation générale de la santé digestive et immunitaire, surtout chez les enfants, une dégradation qui peut aller jusqu’à l’allergie à un grand nombre d’antigènes, pas seulement le lait. Elle est due en général à l’association de plusieurs facteurs perturbateurs des systèmes immunitaire et digestif : stress prénatal, périnatal et postnatal, sur vaccination, absence d’allaitement maternel, surcharge et déséquilibre alimentaire, prise répétée d’antibiotiques, etc…
Dans ces cas d’allergie il faut évidemment supprimer le lait, du moins temporairement, mais il faut aussi et surtout traiter l’insuffisance digestive, corriger les excès et les carences, désintoxiquer l’organisme des poisons de toutes sortes qui se sont accumulés. C’est le terrain allergique qui doit être incriminé, pas la valeur alimentaire du lait en soi. Le lait n’est que le facteur antigénique déclenchant.

Les abus de laitages.

Il y a une troisième raison expliquant les problèmes de santé liés au lait : ce sont les abus qu’on en fait. Les abus de laitages sont essentiellement de deux ordres. En premier lieu l’abus de fromage, très fréquent ; le fromage, dérivé concentré du lait, doit être consommé avec une grande modération, surtout si on mène une vie sédentaire. Ensuite la consommation de lait comme boisson, fréquente surtout chez les enfants ; le lait est un aliment liquide, ce n’est pas une boisson, il ne désaltère pas, il ne dépure pas l’organisme, il ne doit en aucun cas remplacer l’eau.
Ces deux types d’abus mènent aux mêmes conséquences : des effets pathologiques caractéristiques des excès caloriques, protéiques, lipidiques et minéraux, effets extrêmement divers, variant, entre autres, selon l’âge et la constitution du patient. Amalgame, confusions, publicité. Le discrédit jeté sur le lait se base donc d’abord sur un amalgame entre lait naturel et lait dénaturé, ensuite sur une confusion entre les rôles respectifs du terrain et de l’antigène déclenchant, enfin sur une confusion entre les notions d’usage et d’abus.
Quant aux informations répandues sur les bienfaits supposés du soja, elles proviennent des services de marketing des grandes firmes productrices et transformatrices et sont en fait des messages publicitaires qui trompent médecins, nutritionnistes et autres professionnels de la santé autant que le grand public. Les faits et les observations scientifiques nous apprennent en effet tout autre chose que ce que ces publicités largement diffusées médiatiquement réussissent si bien à nous faire croire.

Le soja en Asie.

En Orient, le soja fut tout d’abord cultivé pour enrichir le sol en azote (comme nous utilisons chez nous le trèfle et la luzerne) et ne fut utilisé comme aliment qu’après la découverte par les Chinois de la fermentation, environ 1.000 ans avant J.C. A partir de ce moment, il fit partie de leur alimentation courante sous forme de sauce fermentée (tamari, shoyu). Beaucoup plus tard, la technique du caillé (tofu) fut mise au point. L’usage de ses dérivés fermentés (tempeh, miso,…) s’étendit alors à d’autres peuples asiatiques, Japonais et Indonésiens entre autres Mais, précision importante, le soja n’y a jamais été un aliment de remplacement des protéines animales, il n’a jamais constitué un aliment de base. Un Japonais consomme en moyenne 200 gr de poisson et 50 gr de soja par jour. Le Chinois est encore plus modéré en soja : environ 10 gr par jour, sa source de protéines étant principalement le porc. C’est donc une consommation très basse, à dose condimentaire, de soja le plus souvent fermenté.
Enfin le soja n’est pas considéré comme un aliment convenant pour les bébés. L’argumentation publicitaire faisant état de l’usage traditionnel du soja en Asie doit donc être très sérieusement corrigé.

Le soja aux Etats-Unis.

Le soja a été très largement cultivé aux E-U après la deuxième guerre mondiale, pour son huile et comme fourrage animal. Depuis 2 ou 3 décennies les producteurs ont cherché activement des débouchés rentables pour les sous-produits de la fabrication d’huile. C’est ainsi que la lécithine de soja a été lancée sur le marché diététique pour sa teneur en phosphore et en acides gras polyinsaturés, et que les isolats de protéines de soja ont été vantés auprès des végétariens, et du public soucieux de sa santé et de sa ligne, comme étant une excellente source de protéines végétales, un aliment maigre, sans cholestérol. Ces isolats protéiques sont la base de toutes sortes de produits améliorés artificiellement au point de vue consistance et goût. C’est aussi à partir de ces isolats que sont fabriqués les laits de substitution pour bébés. La consommation de ces sous-produits non fermentés dérivés du soja a donc explosé aux E-U surtout parmi le public féminin et chez les petits enfants. Et les retombées de cette mode alimentaire n’ont pas tardé à se manifester. Les publications scientifiques critiques sont nombreuses mais, contrairement au marketing publicitaire, elles trouvent peu d’écho médiatique et sont quasi ignorées en Europe. Ces observations cliniques et épidémiologiques, ainsi que les analyses toxicologiques, aboutissent au même constat : le soja est toxique et son usage peut entraîner des problèmes hormonaux, essentiellement thyroïdiens, sexuels et gynécologiques, et des troubles au niveau du système nerveux central.

Effets toxiques des isoflavones.

Le facteur toxique numéro un c’est la présence abondante d’isoflavones. Ces phytooestrogènes sont recommandés contre les bouffées de chaleur de la ménopause et, plus récemment, pour la santé de la prostate. Mais on ne parle jamais de leurs effets secondaires, qui sont en réalité loin d’être anodins. Ils sont particulièrement préoccupants chez les enfants et les jeunes femmes qui consomment régulièrement des isoflavones sous forme de lait ou de crème de soja, de tofu, de steaks végétaux, etc… apparaît déjà à partir d’une dose quotidienne de 30 mg d’isoflavone (qu’on trouve déjà dans seulement 300 ml de lait de soja ou 100 gr de tofu environ). Le ralentissement des fonctions vitales générales en cas de paresse thyroïdienne chez l’adulte est bien connu.
Chez le bébé une hypothyroïdie même légère peut avoir de graves conséquences sur son développement général et spécialement sur son développement cérébral. Les isoflavones ont aussi un effet négatif direct au niveau du cerveau, du fait de leur compétition avec les oestrogènes naturels au niveau des récepteurs oestrogéniques des cellules cérébrales. Ce fait associé à la dépression thyroïdienne explique sans doute que des études sur les personnes âgées ont montré un vieillissement cérébral précoce et un risque deux fois plus grand de maladie d’Alzheimer chez les consommateurs de tofu, lait et autres dérivés non fermentés du soja.
Chez la fille, les isoflavones présents dans le soja peuvent provoquer une puberté précoce, et chez le garçon un retard de développement.
Chez la femme des problèmes gynécologiques variés, parfois graves, ont été observés.

Autres facteurs toxiques.

La présence d’inhibiteurs d’enzymes (trypsine, tyrosine-kinase, thyroïde-peroxydase, aromatase…) dans le soja non fermenté aggrave l’effet négatif des isoflavones sur la thyroïde et le cerveau. La présence d’acide phytique bloque l’assimilation de certains minéraux essentiels tels que calcium, magnésium, fer et zinc. Le zinc est important, entre autres pour le cerveau. La fermentation diminue le taux d’acide phytique.
Des métaux indésirables tels que fluor, aluminium et cadmium présents dans le lait de soja pour bébés ont des effets neurotoxiques. De plus, le fluor entre en compétition avec l’iode et interfère donc négativement sur la synthèse de l’hormone thyroïdienne. L’absence de cholestérol, essentiel pour le développement du système nerveux et du cerveau, ainsi que pour la synthèse des hormones sexuelles et surrénales, n’est pas un argument valable pour les produits dérivés du soja.
L’absence de certains acides aminés essentiels (cystine, méthionine) exige la prise concomitante d’autres aliments protéiques riches en ces acides aminés.
Enfin, si le soja n’est pas cultivé biologiquement, il contient en plus des résidus de pesticides et d’engrais artificiels, ce qui ajoute encore à son caractère toxique.

En conclusion.

eul l’usage « à l’asiatique » de soja peut être recommandé : en Asie on le consomme fermenté comme condiment accompagnant un repas comportant du poisson ou de la viande, des légumes et du riz.
Le soja et ses dérivés non fermentés posent problème déjà à petites doses régulières, a fortiori quand les doses sont plus importantes et qu’elles constituent l’essentiel de l’apport protéique d’un végétarien.
Le lait de soja n’est pas un substitut au lait maternel. Un seul biberon quotidien de lait de soja expose le bébé à des risques portant sur son développement sexuel, thyroïdien et cérébral. Le lait maternel est en réalité indispensable pour le développement harmonieux du bébé jusqu’à 6 mois. S’il faut vraiment un substitut avant cet âge, il faut envisager les laits maternisés en poudre, le lait de chèvre coupé de moitié d’eau et sucré, le lait d’amande, éventuellement autre chose encore mais pas du lait de soja.
Après 6 mois, l’enfant se porte en général très bien avec un régime alimentaire mixte comportant 2 repas avec biberon de lait de vache entier, bio, cru si possible, sinon pasteurisé, coupé de moitié d’eau.
Plus tard, et jusqu’à l’âge adulte, les dérivés non concentrés et fermentés du lait de vache (caillé, fromage blanc, yaourt, kéfir…), bio bien entendu et en quantité raisonnable, font partie d’un régime alimentaire équilibré et sain.
Ces simples observations cliniques concernant le lait, je les ai faites maintes et maintes fois au cours de ma vie de praticien. Répétées à longueur d’années, elles sont devenues pour moi des faits, des évidences.
Les arguments discréditant le lait, de même que ceux qui poussent à la consommation du soja, ne sont pas rigoureusement scientifiques et ne résistent pas à l’analyse objective et approfondie des faits.
Osons donc pousser l’hérésie jusqu’à inverser le dogme diététique en vogue et disons : « Supprimez le soja, consommez du bon lait cru ! »

 

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